Certification Living Community Challenge, un levier vers la transition énergétique?
Dans la crise aux changements climatiques, nous sommes à l’heure des actions concrètes et du rassemblement de tous les gouvernements des divers paliers. Pour adopter un changement de comportement vers une responsabilisation écologique à grande échelle, certaines municipalités du Québec décident de modifier leurs lois en faveur de la réduction des GES. Dans cette même optique, choisir une certification écologique pour mieux concevoir nos quartiers, nos villes et nos territoires est depuis quelques années chose possible.
Il existe des certifications qui méritent d’être considérées, telles que SITE, BREEAM ou encore Envision. La plus connue, LEED-AQ « aménagement de quartier » permet d’aménager des communautés durables et diminuer l’empreinte carbone. Il s’agit de choisir certains critères (ex : production alimentaire, écoles de quartier, gestion des eaux usées, etc.) évalués à l’aide d’un pointage. La certification internationale dont il est question dans cet article est peu répandue. Pourtant, cette certification appelée Living Community Challenge (LCC) et son pendant architectural Living Building Challenge (LBC) sont les premières à engendrer un impact positif sur l’environnement. Elles forment le standard le plus exigeant au monde, mais aussi un des plus prometteurs.
Certifier la prochaine génération de villes
La démonstration que la construction est l’une des industries les plus polluantes produites par l’humain n’est plus à faire. Au Québec, les données sur la consommation d’énergie dans le secteur du bâtiment se chiffrent à 31 % et à 29 % en transport (Whitmore et Pineau 2017) [1]. Pour pallier ces problématiques, l’International Living Future Institute (ILFI), organisme à but non lucratif créé par Cascadia Green Building Council en 2009, gère une série de certifications ambitieuses dont la LCC et LBC dans la poursuite d’un futur « socialement juste, culturellement riche et environnementalement restauratif » [2]. Aujourd’hui, l’ILFI regroupe plus de 300 membres ambassadeurs provenant de divers domaines dans le monde. Ils sont des professionnels de l’aménagement du territoire, développeurs, entrepreneurs, décideurs ou propriétaires qui cherchent à changer le milieu de la construction. Voyons pourquoi ces certifications portent le nom de « défis ».
Les certifications LCC et LBC sont uniques puisqu’elles remettent en question les modes de construction et de planification traditionnelle en instaurant des objectifs régénérateurs pour l’environnement et la société du fait de leur approche globale. Ce qui les distingue est sans contredit les exigences en termes de bénéfices positifs nets.
En effet ;
- Le projet (un bâtiment ou un quartier) devra produire davantage d’énergie de ce qui va être consommé sur place.
- Le projet devra jouer un rôle positif sur l’environnement, car un infime pourcentage de l’investissement du projet devra servir à acheter une terre protégée à perpétuité d’une superficie égale au projet.
- La proposition devra être inspirante pour son voisinage, et éducative pour la communauté.
- La réalisation devra notamment s’engager à être exempt de 22 produits nocifs présents dans les matériaux de construction, comme les phtalates ( substances chimiques utilisées dans les plastiques ) et le PVC.
Ces cas de figure ci-dessus font partie des 20 impératifs de la certification qui devront être évalués en temps réels, un an après occupation.
Ces certifications servent de philosophie, de standard normatif et d’outil politique. Elles sont une référence pour alimenter la réflexion entourant nos impacts sur les milieux naturels (environnement) et sociaux, ce qui en fait un puissant moteur d’innovation. D’autre part, la LCC et la LBC remettent en question la façon dont nous fabriquons et disposons des matériaux de construction (matériel) et nos façons d’inclure les populations (social) dans le processus décisionnel. Elles servent d’outil pour améliorer de façon notable les pratiques en construction, les lois et les normes municipales (législatifs), sans négliger la relation socio-économique entre le bâtiment et l’environnement.
Interdépendance entre les éléments bâtis et vivants dans la communauté
Créée en 2014, la certification Living Community Challenge compte aujourd’hui 19 projets enregistrés, dont six sont en phase exploratoires. Le projet à l’échelle de la communauté devra élaborer un plan directeur ou une vision appelée « communauté vivante » et devra s’arrimer aux efforts de planification locale déjà en place. L’envergure des projets est très variée, allant du petit ilot au campus universitaire, à l’écoquartier, au district des affaires, en passant par la révision du plan d’urbanisme. Surtout, la LCC ne permet pas de développer de nouveaux projets dans les écosystèmes intacts comme les zones humides ou les forêts.
La certification utilise la métaphore de la forêt pour montrer qu’une communauté urbaine fonctionne comme un écosystème. Dans un milieu urbain, les éléments de l’environnement bâti sont en interdépendance entre eux. En ce sens, chacun des bâtiments sur un site donné doit compter sur les autres éléments du cadre bâti de la communauté, de la toiture à la rue. Pour que cette communauté soit durable, chacun des éléments doit occuper plusieurs fonctions à la fois, comme la toiture qui produit des légumes ou le parc qui retient et filtre l’eau.
En tout, sept thèmes appelés « pétales » forment l’épine dorsale de la certification. En voici un bref aperçu :
- Site : rétablir l’équilibre entre nature et bâti;
- Eau : traiter et utiliser son eau sur site;
- Énergie : compenser l’énergie utilisée en produisant une énergie renouvelable sur site de 5 % supérieur à sa consommation;
- Santé et bonheur : fournir de l’air frais, de la lumière et une vue sur la nature;
- Matériaux : éviter l’utilisation des matériaux et produits dommageables contenus dans la liste rouge;
- Équité : respecter et assurer la dignité pour tous;
- Beauté : inspirer et éduquer les individus et la collectivité.

[1] Whitmore, J. et P.-O. Pineau. État de l’énergie au Québec 2018, Chaire de gestion du secteur de l’énergie, HEC Montréal, décembre 2017. http://batimentdurable.ca/fichiers/depot/eeq2018_web-final.pdf