Certification Living Community Challenge, un levier vers la transition énergétique?
Vision du quartier First Hill
À Seattle, le quartier First Hill et ses quartiers limitrophes est un projet exploratoire qualifié de précurseur [3]. Connu comme étant le quartier le plus dense et diversifié de la ville, First Hill est initié en 2014 par l’International Living Future Institute et de nombreux partenaires issus de la municipalité, des milieux associatif et privé. Les efforts de planification qui se sont formalisés à travers une série de consultations et d’ateliers participatifs et idéatifs ont permis aux acteurs locaux de se doter en 2015 d’une « Vision pour une communauté vivante » (Living Community Vision).

Les partenaires et parties prenantes du projet dont les résidents et travailleurs du quartier ont bâti ensemble une vision stratégique à l’aide de 25 objectifs tirés des sept pétales. La vision mentionne le traitement non chimique de l’eau de pluie en eau potable sur le site, l’augmentation de la production alimentaire sur les toits et la possibilité à tous les résidents d’accéder à la nature sauvage en ville. Sur le plan politique et juridique, le plan vise à redéfinir plus largement la notion de droit de passage en priorisant les modes de transport actif (marche, vélo) et l’introduction de microvéhicules. La création d’emplois bien rémunérés dans les limites du quartier est également abordée.
Premier bâtiment certifié Living Building Challenge au Canada
La certification LBC attire notre attention pour deux raisons. Elle est la certification à l’origine de cette réflexion, entamé en 2006 et la certification LCC exige aussi la certification LBC d’au moins 50 % de ces bâtiments publics. La LBC est conçue pour tous les types de projets de toutes les formes et toutes les échelles, de la pièce au bâtiment, du résidentiel au commercial, du public à l’institutionnel.
On recensait en 2016 331 projets enregistrés et 23 projets certifiés à travers la planète. En 2017, les projets enregistrés grimpaient à 380. D’ailleurs, six projets au Québec sont actuellement inscrits. Si certains en parlent comme d’une utopie, d’autres ont réussi à atteindre la certification comme le Centre d’éducation et de gestion forestière Bill Fisch, à Whitchurch-Stouffville en Ontario, réalisé par la firme torontoise DIALOG. En 2018, le Centre fut le premier projet canadien à être certifier Living Building. Le bâtiment d’un étage et d’une superficie de 4,000 pi2 a été conçu comme un élément de l’écosystème naturel favorisant la régénération forestière de la région de York. Le Centre sert de lieu d’enseignement et de communication sur l’importance et la mise en valeur des ressources naturelles et des écosystèmes forestiers.
Le Centre a relevé tous les défis de la certification. Sa structure en bois est effective pour une période de 100 ans. Le bâtiment arrive à produire 105% de son énergie consommée grâce à ses panneaux solaires. Son isolation supérieure est le double de ce que la Loi sur l’économie d’énergie prévoit actuellement (R20). Le centre n’est plus connecté au réseau d’aqueduc municipal. Il consomme et traite plutôt toutes ses eaux sur place, dont les eaux pour le système de prévention des incendies. Son plus grand exploit reste l’élimination des produits chimiques inscrits dans la Liste Rouge.

S’inspirer des certifications LCC et LBC au Québec
Qu’il soit à l’échelle du bâtiment ou du lotissement, le projet à certifier doit se positionner sur des enjeux de neutralité carbone et de préservation de la biodiversité, mais aussi d’équité et de transparence dans la composition des matériaux, ce qui dépasse largement l’intérêt du projet pris individuellement. En travaillant en amont au projet et en incluant l’enjeu social dans le développement durable, nous nous donnerons les outils pour créer les villes de demain et il sera d’autant plus facile de réagir de façon résiliente aux changements climatiques. Serions-nous plus près de l’approche proposée par ces certifications que nous le pensons? Au Québec, plusieurs initiatives réalisées répondent à une des sept Pétales des certifications. Par exemple, le programme de médiation culturelle « Je suis » de la Ville de Vaudreuil-Dorion répond amplement à la Pétale Équité, les « Boules roses » longtemps emblématiques de la rue Saint-Catherine à Montréal, répondent quant à elle aux critères de la Pétale Beauté. La bibliothèque de Varenne et le pavillon d’accueil du Parcours Gouin à Montréal (Net zéro) sont très près de répondre à la Pétale Énergie. Les certifications ont beaucoup à nous apprendre pour se mettre sur les rails de la transition écologique.
[3] Pour connaître les différents projets enregistrés, consulter le lien suivant : https://living-future.org/lcc/projects/
Carolyn Kelly Dorais, M. Sc. A. M. Sc., designer urbain chez ZΛRΛTÉ LΛVIGNE Architectes.
Maxime Brosseau, architecte associé et spécialiste du développement durable chez ZΛRΛTÉ LΛVIGNE Architectes
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