La brique : comment l’entretenir et la faire durer ?

Depuis des millénaires, on construit des immeubles avec de la brique. Certains ouvrages ont encore fière allure alors que d’autres passent sous le pic des démolisseurs bien avant la fin de la vie utile de leurs briques. Comment l’expliquer ?

Une brique est généralement constituée d’argile cuite au four et sa longévité est surprenante, car elle peut dépasser facilement le siècle et plus. Mais, comment l’entretenir et la faire durer ?

Il faut d’abord identifier correctement lequel des deux types principaux d’ouvrage en briques est présent dans votre bâtiment, chacun possédant ses caractéristiques distinctes : le mur à parement et le mur massif. Les parements de brique mince étant encore peu répandus.

Le mur à parement

Le mur à parement est constitué d’une ossature distincte en bois, en acier ou en béton, dont les murs extérieurs sont recouverts d’un seul rang de briques. Ce type de parement est généralement ventilé, c’est-à- dire que derrière le parement se trouve un espace d’air qui sert à empêcher l’eau d’atteindre la face intérieure du mur et à drainer l’eau qui s’infiltre vers le bas, afin qu’elle puisse s’échapper par des joints laissés volontairement vides de tout mortier (appelés « chantepleures »). Il y en a aussi au-dessus des portes et fenêtres.

Fig. 1  Chantepleure typique au-dessus
d’une porte-fenêtre

En effet, toute brique est poreuse par définition et elle se gorgera d’abord d’eau pour ensuite s’assécher. Évidemment, il ne faut jamais obturer les chantepleures au risque d’emprisonner l’eau à l’intérieur du mur et de causer la pourriture de l’ossature, si elle est en bois. Par exemple, on trouve fréquemment ce type de mur dans les immeubles en copropriété de construction récente.

Le mur massif

Celui-ci constitue en fait la structure même de l’édifice. Les murs épais en briques soutiennent les planchers et le toit. On peut facilement comprendre l’importance de bien les entretenir ! Par exemple, on trouve fréquemment ce type dans les immeubles en copropriété qui sont des conversions de bâtiments industriels.

Ce type de parement n’est pas ventilé et ne possède pas de cavité drainante. Il est donc inutile de chercher des chantepleures, il n’y en a pas ! Ces murs sont constitués de deux ou de trois rangs de briques ou de blocs de béton connectés entre eux par des boutisses (des briques posées à angle droit, Fig.2, 3).

L’arrière-mur de ces ouvrages est souvent constitué d’un remplissage grossier de blocs de béton ou de briques, qui n’est jamais parfaitement étanche à l’eau ni à l’air, d’où l’importance de l’entretien des joints de mortier.

 Fig. 2 La présence de briques posées « en. boutisses » indique la présence d’un mur
massif en briques.


Fig. 3 Vue d’un arrière mur massif après
enlèvement du premier rang de briques (les
boutisses sont visibles).

 

 

 

 

L’intervention sur des massifs mal entretenus peut s’avérer couteuse, particulièrement si elle nécessite des travaux en hauteur. Il faudra prévoir des travaux de stabilisation et parfois de reconstruction de l’arrière-mur (Fig. 4).

 

Fig. 4 Travaux de stabilisation de l’arrière mur

Dans les deux types de murs, l’entretien des joints est donc d’une importance capitale pour la durabilité de la brique. En effet, c’est souvent par les joints incomplets ou fissurés que l’eau pénètre derrière la face extérieure du parement, causant de multiples désordres.

Le rejointoiement

 

 

Périodiquement, soit environ tous les vingt-cinq ans, il faut effectuer le rejointoiement complet des joints de mortier. L’opération consiste à évider les joints jusqu’à une profondeur de trois quarts de pouces et à les remplir de mortier compatible en trois passes de pose de mortier.

Une des pratiques fortement à déconseiller est le rejointoiement partiel des pans de maçonnerie de brique. Vous ne saurez plus ce qui a été rejointoyé alors que le reste de la surface du parement continuera de se dégrader en continu.

Il est de loin préférable de procéder à la réfection des joints par section complète de mur, si l’on doit procéder par phases.

Fig. 5 Rejointoiement éparpillé : à
déconseiller.

La forme des joints (concave, plat, en biseau…) est également importante pour conserver l’apparence d’origine du bâtiment. Un joint concave est cependant toujours plus résistant aux intempéries.

Le choix du mortier de réparation

La durabilité des joints de mortier dépendra beaucoup d’un choix de mortier de réparation des joints compatible chimiquement et de la présence de main d’œuvre expérimentée. Un mortier actuel de type « N » posé sur un mortier ancien composé de chaux hydraulique se détachera en réglette après quelques cycles de gel/dégel. Consulter un spécialiste peut s’avérer une source d’économie importante.

Pathologies des parements de brique

Il existe plusieurs problématiques de dégradation affectant les parements de brique. L’épaufrure (Fig. 6) se produit lorsqu’une brique saturée d’eau gel soudainement : la face éclate alors, causant un dommage irréversible. De la même manière, un parement situé trop près du sol extérieur absorbera de l’eau et montrera des dommages similaires. Il faut alors remplacer les briques éclatées.

Fig. 6 Épaufrures

Corrosion des connecteurs et linteaux

La corrosion des connecteurs (souvent appelés « feuillards ») ou des linteaux en acier non galvanisés présente ses propres défis. Après des années d’exposition à l’eau, une cornière d’acier soutenant la brique au-dessus des portes ou des fenêtres peut devenir assez corrodée pour ne plus être structurellement sécuritaire (Fig. 7). Une telle condition dangereuse requière des travaux d’urgence.

Fig. 7 Linteau d’acier totalement corrodé

Un parement de brique produira souvent des signes annonciateurs d’une situation résultant de stress indu. Ces signes peuvent être de la fissuration locale.

Fissuration locale

Par exemple, une fissuration locale aux coins des balcons ou un fendillement à proximité des ouvertures de porte et fenêtres résulte souvent de l’absence ou de l’insuffisance de joints d’expansion horizontaux et verticaux sur l’ensemble du parement. C’est malheureusement une condition qui se retrouve sur des immeubles récemment construits (Fig.8).

Fig. 8 Fendillement localisé près des
ouvertures (type parement)

Dans les cas les plus graves, il peut être nécessaire de reconstruire le parement en tout ou en partie.

Méthodologie de réfection durable

Si de telles pathologies existent sur le parement de maçonnerie de votre immeuble, il est important d’éviter l’approche « plaster » qui consiste à accorder un contrat à un maçon en lui donnant comme instruction de « réparer les zones qui en ont besoin » (phrase réellement utilisée dans un bon de commande par un Syndicat…). On laisse alors au maçon la responsabilité d’agir en expert de bâtiment. Vous ne pourrez alors pas vérifier l’étendue des travaux effectivement réalisés. Une telle approche entrainera des travaux incomplets et fréquents.

Une approche ordonnée de réfection durable consiste à faire inspecter minutieusement la maçonnerie par un professionnel compétent et à faire cartographier les zones à réparer sur des dessins précis, en montrant la superficie exacte. Il sera alors plus facile de faire soumissionner les entrepreneurs en maçonnerie et de suivre la progression des travaux jusqu’à leur réalisation complète, par phases si nécessaire. On évitera ainsi les trop grands écarts entre les soumissions.

Fig. 9 Exemple de cartographie des
désordres à la maçonnerie

Un tel document devrait être accompagné d’un devis complet des matériaux (mortier, éléments de maçonnerie de remplacement, portée des travaux, conditions de chantier correspondant à vos besoins…).

Les travaux de maçonnerie sont plus faciles et moins couteux à réaliser l’été. Alors,

bonne réflexion !

 

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Jean-François Lavigne, Architecte associé chez ZΛRΛTÉ LΛVIGNE Architectes.

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