Ça coule ! Condensation ou infiltration ?

C’est la saison des dégâts des eaux ! Et il ne sera pas question ici des chauffe-eaux qui fuient… mais plutôt des dommages causés par l’eau dans les unités de copropriété. En effet, il est assez fréquent lors d’un printemps hâtif que soudainement de l’eau franchisse le plafond ou les murs d’une unité de copropriété, entraînant de fâcheuses conséquences à l’intérieur de l’enveloppe et à l’intérieur des locaux. L’expert en construction qui tentera d’identifier la cause probable des dommages aura inévitablement à se poser les questions suivantes : est-ce de la condensation ou de l’infiltration directe? Ou les deux ?

La condensation

D’emblée, il faut éviter de parler d’inondation comme dans l’expression « nous avons subi une inondation par le toit » (fait vécu). En effet, par définition, une inondation, c’est de l’eau qui monte et non pas de l’eau qui descend… Dit simplement, le phénomène de condensation est le passage de l’eau d’un état gazeux (vapeur d’eau) à l’état de liquide. Par exemple, l’humidité contenue dans l’air intérieur l’hiver entre en contact avec la surface froide d’une fenêtre et se précipite en eau liquide. Comme c’est un phénomène visible, il est facile d’intervenir avant que cette eau cause des dégâts (mouillage des bas de fenêtres, etc.). On peut réduire le taux d’humidité relative en ventilant ou en diminuant la production d’humidité à l’intérieur.

Par contre, la condensation sur une surface froide peut se produire dans une partie non accessible du logement (entre toit, cavité murale ou autre) généralement à cause d’une étanchéité à l’air déficiente de l’enveloppe du bâtiment. Le cas typique est un pare-vapeur mal installé ou déchiré qui laisse l’air chaud entrer en contact avec l’intérieur du mur extérieur.

Ainsi, la vapeur d’eau dégagée par l’eau qui bouille dans le chaudron ou la vapeur dégagée par la douche migrent vers l’intérieur du mur ou du toit et s’y condensent lorsqu’elles entrent en contact avec une surface froide (tel un matériau de construction mal isolé). Cette vapeur d’eau refroidie forme alors des lentilles de glace. Le cas typique est la présence de glace dans la laine minérale. 

La liquéfaction

Dès que survient une hausse du mercure au-dessus du point de congélation, cette glace fond subitement et redevient de l’eau liquide. C’est le phénomène de liquéfaction. Soudainement, cette eau libérée reprend son chemin gravitaire vers la mer et des bulles apparaissent alors aux murs et plafonds, lorsque ce ne sont pas des fuites soudaines à travers l’enveloppe du bâtiment. La condensation / liquéfaction se produit donc lors de la fonte des neiges, au printemps, mais elle peut aussi survenir lors d’un redoux hivernal. Et nous savons maintenant que les changements climatiques vont entraîner la multiplication des redoux durant un hiver typique. La condensation ne se produit jamais pendant l’été !

L’infiltration

L’infiltration de l’eau de pluie peut survenir à tout moment de l’année, mais principalement de mars à décembre. La cause probable d’une infiltration directe est plus souvent qu’autrement une déficience à la jonction de matériaux de construction. Comme le cycle de gel-dégel annuel met à rude épreuve les jonctions entre matériaux (tels que membranes de toiture, solins et scellement), une infiltration peut être très soudaine et dommageable. Seules des inspections planifiées de l’enveloppe permettent de prévenir les infiltrations directes. L’apparition de condensation et d’infiltration directe, en même temps, exigera une expertise technique rigoureuse pour concevoir les travaux correctifs.


Jean-François Lavigne, Architecte associé chez ZΛRΛTÉ LΛVIGNE Architectes.

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